Dans un roman anglais le personnage principal est sans conteste la tasse de thé, celle qui efface tous les
chagrins, qui pallie à toutes les peines. Breuvage souverain contre tous les maux et qui fait face à toutes les situations : Découverte d’un meurtre, vite
l’inspecteur principal de Scotland yard demande à son adjoint de faire chanter la bouilloire. Un décés dans la famille et la vieille gouvernante qui a élevé des générations d’enfants dans la
maison familiale met l’eau à chauffer, ouvre la boite en fer, compte les cuillères de thé et voilà tout le monde réconforté, si en plus l’héroïne vit à la campagne elle porte une jupe en tweed et
de grosses chaussures, une bonne promenade sur la lande inévitablement battue pas les vents, lui remettra les idées en place etelle sera prête à affronter les vicissitudes de la vie. Si
l’auteur nous compte par le menu la préparation de l’eau chaude agrémentée de feuilles de thé rarement nous avons droit à la description de la tasse, très souvent un mug, il semblerait que la
fine porcelaine ne soit pas de rigueur. Qu’importe le thé est là, remède contre tous les chagrins d’amour, les guerres et autres petites contrariétés et c’est bien l’essentiel.
Dans un roman américain qui se passe à Manhatan, le personnage principal commence sa journée, trépidante bien sûr, au Starbuck d’où il ressortira avec un gobelet en
carton plein de café dans un main, un beignet dans l’autre le tout en équilibre instable, cette boisson chaude et sucrée l’accompagnera tout au long de la journée, sera souvent renversée et
renouvelée. Ici non plus pas de porcelaine.
Dans un roman français, les coups du sort, les peines de cœur, les morts, les drames se noient volontiers avec un verre ou plusieurs de bon bordeaux toujours millésimé, un verre de vin blanc
frais à point, bien sec qui accompagne traditionnellement un repas fin, autour d’un jolie table dressée en un clin d’œil, une promenade sous la pluie dans Paris donnera le ton nostalgique propice
à des histoires d’amour qui finissent mal en général.
Hier je n’ai pas trouvé la table de jardin mais pour un euro j’ai ramené à la maison cette petite théière qui complète les assiettes à dessert que j’avais déjà, il pleuvait, pas de promenade sur
la lande mais un bon thé, quoiqu’en ce moment un bon vieux bordeaux….