Je ressasse, je me remonte comme une vieille pendule, je brouillonne des emails, prépare des répliques saignantes que je ravalerai si jamais l’un ou l’autre téléphone, je me dis que ce n’est pas si grave, qu’il faut passer outre, mais j’ai du mal à avaler, je ne digère pas.
Des amis que nous connaissons depuis 30 ans, que nous aimons beaucoup, apprécions, des amis qui ont fait partie de notre époque « Algérie », des amis à qui j’avais fait part de la maladie de maman, parce qu’il la connaissait bien, l’appréciait, des amis avec qui nous avions de nombreux souvenirs de repas au jardin avec elle, des amis pensais-je, malgré des relations plus distendues, selon le vieil adage « loin des yeux, etc… »
Des amis, donc, qui n’ont pas pris une seule fois des nouvelles de maman, embourbés qu’ils étaient dans les soucis avec leur fille, pas des soucis de santé, simplement un jeune couple qui a tout pour être heureux et qui se pose des questions sur son avenir.
Très contrariant pour des parents, mais rien que de très banal de nos jours.
Quelques jours après le départ de maman, quand nous avons fait le compte des oublis de faire-part, j’ai réalisé que le silence de leur côté n’était pas très amical et depuis je rumine.
J’appelle ou pas, j’envoie un email ou pas.
Depuis, ils ont du apprendre par des relations communes le décès de maman et ne savent pas comment se sortir de ce mauvais pas, et moi je rumine…