Quand le moral de certains amis est au plus bas, quand le sort s’acharne sur eux depuis trop longtemps, quand la santé est leur plus gros soucis depuis des années quoi de plus bénéfique qu’une soirée d’été en avril autour d’une table dans le jardin pour conjurer le mauvais sort avec la meilleure thérapie qui soit : évocation des souvenirs de l’époque où nous étions jeunes, minces, insouciants, le cancer était pour les autres, les quinquas pour nous étaient vieux et la vie un long fleuve tranquille. Les hirondelles zébraient le ciel sans nuage en piquant sur Chipie, la salade bien verte agrémentée de ciboulette et persil du jardin, la saucisse ramenée de Normandie excellente et parfaitement cuite par Maky au feu de bois. En guise de hors d’œuvres une pleine assiette de « tu te souviens », en plat de résistance des « et la fois où » le point d’orgue du repas étant toujours le même « et chez les L. quand nous sommes arrivés croyant être invités à dîner et que nous avons compris que … » en fait il y avait erreur sur les convives, pas nous…
Maintenant nous sommes presque tous sexagénaires ou pas loin, les kilos se sont installés, le cancer commence sa ronde dans nos rangs, mais l’amitié est toujours là et les souvenirs des soirées d’antan nous font toujours autant rire, provoquent toujours les « Oh put… celle-là qu’est ce qu’elle nous agacait et ces deux là, entre eux il y avait bien quelque chose ?
Le best-of des années 80-90 terminé, les moustiques et moucherons un peu agressifs nous ont forcé à tout ranger et chacun est parti se coucher en ayant oublié pendant un court instant ses propres soucis.