Depuis 3 jours le billet d’Otir me plonge dans des abîmes de réflexion intense et stérile,(oui je peux cogiter en semant mes laitues). J’ai répondu un peu vite à son invitation à rédiger un texte sur « ce que nous imaginions devenir plus tard quand nous étions petits. »
L’exercice me semble périlleux, semé d’embûches et se révèle pour moi à la limite de la mission impossible, car si j’ai de nombreux souvenirs qui remontent à mon enfance je ne trouve rien qui ressemble de prés ou de loin à une quelconque vocation, même pas à une projection dans le futur du genre « maîtresse-coiffeuse-mariée-2 enfants » rève classique de beaucoup de fillettes. Dans ce domaine ma mémoire est un vaste désert, que dis-je, le néant. La légende familiale se plaît à raconter que je jouais beaucoup à la reine ! Mais là se sont arrêtés mes rèves de grandeur.
Un peu plus grande ma terne scolarité à du étouffer dans l’œuf quelques velléités issues sans doute de mes lectures. Peut-être me suis-je imaginée second du capitaine Némo, pilleur de temple avec une pâle copie d’ André Malraux, mais cela reste du domaine des suppositions, non décidément je ne vois rien. C’est inconfortable, un peu troublant, mais d’un autre côté je ne me suis déçue, c’est déjà ça.
Par contre la quarantaine venant j’ai découvert qu’il était satisfaisant de travailler de ses mains, de petits bricolages en passant par divers travaux de décoration je me suis surprise à me dire « Ah si j’avais su ! »Les années passant on me félicitait pour les vitrines que je décorais pour Sister, les amies faisaient appel à moi pour décorer leur table, en organisant le mariage de Fille Unique, l’évènementiel me titillait, mais je suis et reste une grande velléitaire.
Une chose est sûre je regrette de ne pas être une artiste, pinceaux et ciseaux de sculpteur manquent à ma panoplie de Bricol-girl à côté du marteau et de l’aiguille à broder. Michel-Ange ou personne, Karen Blixen ou rien, et bien le choix s’est fait tout naturellement : Mon nom est Inconnue, mon prénon Anonyme. Je me console en pensant que l’artiste avec un grand A ne peut que créer dans la souffrance, la pauvreté et l’incompréhension. Artiste maudite je ne serais pas, je me plonge avec délectation dans les biographies de peintres et modestement je vais poursuivre mes petites créations qui m’apportent déjà beaucoup.
La petite fille que j’étais n’avait pas de rêve, mais la sexagénaire que je suis s’est réalisée dans une union réussie, une fille qui est ma fierté, des petits-enfants, une famille unie et je trouve que c’est déjà beaucoup.
Vais-je oser dire que de façon tout à fait abstraite une carrière de tenancière de maison close ne m’aurait pas déplu…ou bien en moins sordide, tenir un hôtel aurait satisfait mon penchant à donner des ordres…
Qui reprendra le flambeau transmis par Otir et devenu par mes soins une pauvre chandelle ? J’ai bien quelques noms qui me viennent à l’esprit n’est-ce pas Bérangère ? Ou bien FD, ou personne c’est comme on le sent.