Dans un local poussiéreux, pendant des années Pomponette a rangé, étiqueté, inscrit dans de grands registres et surtout conseillé, des livres, des
livres et encore des livres.
Chargée quelques heures par semaine de remettre sur pieds une bibliothèque municipale agonisante, elle a donné à des générations d’enfants le goût de la lecture, avec tact elle a guidé des vieilles dames aux cheveux bleus vers d’autres rivages que ceux teintés à l’eau de rose et rapporté à la maison des brassées de livres que nous pouvions garder aussi longtemps que nécessaire.
J’étais chez moi dans ses rayons derrière le comptoir.
Un jour Pomponette n’a plus eu le temps de jouer les Pivot, mais elle avait formé sa remplaçante, les registres remplis à la main étaient toujours
là, et grande nouveauté, les abonnés pouvaient choisir eux-mêmes leurs livres en parcourant les rayons…
J’étais toujours chez moi, même si le classement avait changé.
Puis l’informatique est arrivée, une autre équipe, je peux toujours demander n’importe quels livres, on me les réserve avant de les mettre en circulation, je suis toujours chez moi…
Mais 2009 marquera un tournant dans ma vie d’abonnée, je suis maintenant détentrice d’une carte, à ne pas oublier, sinon l’ordinateur qui dans ce cas là n’est pas mon ami, refusera de me prêter des livres ! Je me sens moins chez moi…
Tout change, c’était mieux du temps de Pomponette.