Bientôt les vendanges.
A l’entrée du marché il y a en premier les matelas, prix imbattables, confort de nos nuits, qui semblent monter la garde, vient ensuite le rempailleur de chaises, disons plutôt une chaise orpheline de son maître qui lui attend le client au café d’en face, ensuite une file de 15 mètres à l’étal des poulets qui tournent de manière effrenée sur un tournebroche dégoulinant de graisse, bonjour le cholestérol et adieu le repas du dimanche amoureusement préparé par une femme et mère attentionée pour sa famille. Dans cette queue les conversations vont bon train, en portugais, arabe, turc, l’accent du terroir a bien du mal à se faire entendre. Madame la marchande de saucisses du Rouergue contemple d’un œil torve ces mécréants qui ignore les bienfaits de ses salaisons, à côté d’elle la boulangère du dimanche matin essaie de remuer sa fille, toujours pendue au téléphone, toutes les 2 baillent à s’en décrocher la machoires, perpétuellement fatiguées par les valeureux clients qui passent outre cet accueil rébarbatif car le pain est bon. Nous voici maintenant chez Hassan, là nous sommes reçus comme de vieux amis de toujours, fruits et légumes bien exposés, blagues gentillettes, bon poids dans le panier, un vent du sud souffle sur les clients et réchauffe les cœurs. A deux pas derrière officient les « maîtres fromagers » du haut de leur camion ils dominent les pauvres quémandeurs que nous sommes, tranchent, coupent, sourires de façade, ils ne sont pas là pour rigoler mais pour faire tinter le tiroir caisse, pas drôles mais incontournables ces deux-là. Les allées sont bloquées par les bavards, poussettes d’enfants qui braillent, chiens qui reniflent les bonnes odeurs. Tout le monde à mis les « zhabits » du dimanche, les chaussures bien cirées, il n’y a que moi qui prend cet intermède comme une corvée, cachée en toutes saison derrière les lunettes de soleil, veillant bien à ne rencontrer personne de connaissance, sauvage et ourse à la fois, une seule préoccupation, aller vite et rentrer à la maison…
La pensée du jour : Si les cerises n’avaient pas de noyaux on perdrait moins de temps à les cracher.
Depuis 2 jours nous profitons des largesses d’un ami. Les corbeaux ont laissé leurs cerisiers tranquilles, jamais vu autant de cerises, ni aussi bonnes.