Planèth dans son dernier billet nous parle fort joliment des « pensées papillons », l'image tout en étant d'une justesse évidente remue en moi en maelström d'odeur, de sensations, de goûts tels que j'en aurais presque le vertige.
Je n'ai retrouvé que très rarement l'odeur du livre de grammaire neuf que l'on nous a distribué à une rentrée en primaire. Je l'ouvrais avec la crainte de faire disparaître ce parfum étrange de colle et de papier. Rien que d'évoquer ce souvenir j'ai le nez qui palpite de plaisir.
Certains jours un vent chaud se lève, le soleil est absent et l'espace d'un instant une « pensée papillon » la bien nommée, surgit.
Eté 54.
Je cours devant la maison dans des herbes odorantes, j'ai lu (Heidi sans doute) il y a peu de temps que ce vent est le foën dans certaines régions, cela met un peu « d'ailleurs » dans mon quotidien, je cours avec un filet à papillons dans les mains, maldroite comme je suis, pas un
seul ne se fait prendre, mais le souvenir de cet instant est ancré dans ma mémoire, pourquoi ?
Il suffit que le soleil se couche dans un flamboiement de rouge
et orange pour que j'entende papa dire « Tu vois cet avion c'est le Paris-Nice. A l'époque les avions étaient moins nombreux qu'aujourd'hui, papa l'a dit donc c'est vrai.
Dès que ces souvenirs font surface, aussitôt s'enchaînent des situations drôles ou émouvantes, cela ressemble un peu aux fameuses constructions en dominos, il suffit que l'on en déplace un
tout se transforme en cascade, pour moi c'est la même chose, le cerveau est une machine qui ne s'arrête jamais, une photo, un mot, un objet tout est sujet à se souvenir, tout est propice pour revivre des moments du passé, une pensée fugace va donner lieu à une recherche minutieuse du pourquoi,
quand, comment, disséquer le souvenir entraîne obligatoirement vers d'autres rivages de l'inconscient et rien ne peut stopper la machine.
Et qu'en est-il pour vous ?